Ils viennent de réaliser et de diffuser un document de référence sur l’art d’intoxiquer l’opinion, « Gaza, une jeunesse estropiée. »
Il fallait bâtir pour cela un film en haute définition, habilement scénarisé, à diffuser à une heure de grande écoute, montrant que les soldats israéliens obéissant aux instructions réglementaires, tiraient délibérément et sans nécessité dans les jambes de jeunes palestiniens pleins d’avenir.
Bien entendu, la fibre émotionnelle du téléspectateur devait vibrer. Les victimes devaient être engageantes, faibles, innocentes, et les coupables monstrueux, la recette idéale pour soulever une vague de saine indignation.
Il fallait aussi, puisque l’on s’appelle France 2 et que l’on est le phare du service public, obéir strictement aux règles de la déontologie du journalisme de reportage, la neutralité, la parole donnée à tous les protagonistes, le ton modéré, l’absence d’adjectifs et d’injures. Mais France 2 est aussi le phare du détournement de ces règles.
C’est ainsi que la chaîne nationale vient de montrer que malgré toutes ces contraintes, il était possible de produire un faux presque parfait, un document d’incitation à la haine antisémite de haute intensité, et induire dans le public une vue totalement biaisée et raciste des événements rapportés.
Manipuler l’émotion, les techniques de France 2
Pour souligner les forfaits insoutenables commis par les Israéliens, il fallait camper les victimes les plus susceptibles d’attirer la sympathie. La victime principale du film est Ala, un jeune homme tranquille, passionné de cyclisme, de belle allure, très pauvre, et désespéré de devoir renoncer à ses rêves de compétition. Il était malencontreusement « sur le front » pour tenter de parler à des journalistes dit-il, quand une balle l’a frappé. Ni lui, ni sa famille ne s’intéressent à la politique. On lui consacrera la séquence la plus longue pour lui permettre d'attendrir du téléspectateur. Il aura onze minutes à lui seul, soit plus du tiers de l’émission.
Le second, Mohamed, est un pré-adolescent de 13 ans qui n’a plus que la piscine pour se dépenser. Son visage est triste et il dit ne plus parler depuis la perte de sa jambe. Il aura un peu plus de 4 mn. Le dernier est Ayallah, est un adolescent pauvre et désespéré mais un peu une tête brûlée. On lui accordera 3 mn, sans compter la mise en scène infernale d’un match de football où les joueurs sont unijambistes et les goals manchots.
L’innocence apparente et la détresse de ces jeunes gens qui occupent les deux tiers du film, sont insupportables, et c’est le résultat que le document de France 2 recherchait.
En face, derrière la frontière, il y a les Israéliens, ou les « Juifs ». Il ne sont pas identifiables. Ce sont exclusivement des soldats. Aucun civil. Les militaires sont loin, masqués par les fumées des pneus en combustion, allongés à même le sol poussiéreux. Parfois ils sont debout, regroupés, toujours loin, toujours sans visages et sans noms. Ce sont des robots aveugles, pas des être humains. Visiblement l’intention des auteurs du reportage est de déshumaniser les Juifs et de sur-humaniser les Palestiniens « victimes », volontairement impliqués quand même dans les manifestations violentes.
Le premier juif identifiable est le porte-parole de l’armée, un grand costaud au visage sévère. Il aura 2 mn 16 et on lui demandera si son armée commet des crimes de guerre.
Le second « juif » identifiable est Nadav Weiman. On lui accorde 6 mn. Le film dit que c’est un ancien sniper de l’armée israélienne et que c’est pour cela qu’il est interrogé. Il ne dit pas qu’il est aussi le coordinateur des activités d’une des ONG antisionistes les plus virulentes au monde, Breaking The Silence.
Cet organisme publie régulièrement des « témoignages » de soldats toujours anonymes, illustrant des atrocités supposées de l’armée israélienne. Ses « animateurs » parcourent les capitales occidentales pour dénoncer ces monstruosités, ce qui leur permet de réunir des financements gigantesques (2) et de mettre en même temps du beurre dans les épinards. Quelques-unes de leurs falsifications monumentales sont relatées dans un article de Ben-Dror Yemini. (3) Nadav Weiman aura tout le temps de démontrer que le meurtre est une pratique ordinaire des forces armées israéliennes, et qu’il était tout à fait possible de faire « autrement. »
Pour ceux qui ont mal entendu, ou qui étaient distraits, le reporter fait répéter à Weiman ses propos accusatoires à maintes reprises :
- Weiman : « Dans nos règles d’engagement le meneur de la manifestation, on peut lui tirer dessus, dans la jambe ;
- Reporter : « Vous êtes autorisés à faire ça ?
- Weiman : « Oui
- Reporter : « Durant votre formation on vous apprend ça ?
- Weiman : « Bien sûr. Personne ne remet ça en cause, ce sont les instructions de l’armée.
- Reporter : « Vous pouvez tirer sur le meneur;
- Weiman : « Oui le meneur;
- Reporter : « Donc vous êtres formés pour tirer sur le leader d’une manifestation, même s’il ne porte pas d’armes;
- Weiman : « Oui, ces gens qui manifestent du coté Gaza ne sont pas une menace.
Ce dialogue reflète les lubies désinformatrices de Weiman et l'acharnement du reporter qui croit avoir trouvé la pépite idéologique qui frappera Israël au cœur. Il dévoile l’intention accusatrice et raciste du reportage. Weiman est le ventriloque du reporter.
Manipuler les faits, les techniques de France 2
Le procédé le plus simple et le plus efficace consiste à montrer beaucoup d’images afin que l’on ne voie rien. C’est de masquer systématiquement ce qui fait sens. Dans la foule qui marche vers la frontière avec Israël il y a de nombreux enfants et des femmes. Or à l’évidence la zone est extrêmement dangereuse. Le reportage à l’habileté de poser la question mais à moitié : on demande pourquoi ces enfants sont là. La réponse est unanime : « on le leur a interdit mais on ne voit comment les empêcher d’y aller quand même. » Les enfants disent la même chose. Or la vraie question est celle de l’absence d’un service d’ordre du Hamas, qui gouverne l’enclave, pour interdire leur présence de leur accès aux réseaux de bus organisés pour parvenir aux tentes des rendez-vous à 300 m. de la frontière.
La raison, c’est que le Hamas désire leur présence, c’est qu’il paye les participants aux « marches », et qu’il a terriblement besoin qu’il y ait des tués et des blessés pour justifier sa férule contestée à Gaza en tant que bouclier contre les crimes supposés de l’épouvantail juif israélien.
D’ailleurs son chef militaire, Yahya Sinwar, l’a clairement expliqué : « après l'échec des efforts de réconciliation [entre Hamas et Fatah) qui ont abouti à une impasse, un certain nombre de factions ont prévu de provoquer une explosion interne dans la bande de Gaza, mais les marches du retour ont contrecarré ce plan. » (4)
Et quand il y a eu des morts, la presse occidentale a accusé Israël d’avoir tué des « manifestants pacifiques ». Mais le Hamas a dit non!, non!, ces morts étaient bien membres du Hamas!! Car pour lui, il était déterminant de faire savoir à la population palestinienne de l’enclave qu’il était au premier rang dans la guerre contre Israël. Précisément, son porte parole, Ashraf al-Qidra, déclarait le 16 mai « le nombre que je vous donne est officiel. 50 membres du Hamas sont devenus des martyrs lors de la récente bataille. » (5) Une déclaration qui corroborait les calculs israéliens.
La volonté de ne pas voir ce que l’on voit pour intoxiquer l’opinion française est aussi évidente dans la séquence où un Palestinien non armé est fauché par un tir israélien. Cette séquence est un faux. Une mise en scène. On peut consulter cet épisode dans la vidéo mise en ligne par France 2:
entre les minutes 7'43'' et 8'10'')