Au Nigeria, une quarantaine de personnes ont été tuées la veille de Noël dans le nord et le centre du pays lors d’attentats islamistes et d’attaques d’églises. Rappelons que ce pays de 150 millions d’âmes compte 50 % de musulmans et presque autant de chrétiens situés dans le Sud. Or depuis 1999, douze Etats fédérés du Nord, à majorité musulmane, ont imposé la charia (loi islamique) aux chrétiens réduits à un statut d’infériorité (ahl al-Dhimma).
En pleine messe de minuit, aux Philippines, un attentat similaire a fait quinze blessés, dont un prêtre, dans une chapelle chrétienne d’un camp de police de l’île de Jolo, où sévit le mouvement terroriste indépendantiste Abou Sayyaf qui prend pour cible les chrétiens. En Irak, les chrétiens, de plus en plus tentés par l’exil, ont fêté le Noël le plus endeuillé de leur histoire bimillénaire après les attentats de la fin 2010. Partout, les chrétiens sont avec les juifs les premières victimes de l’extrémisme et du nationalisme, qui les assimilent aux « croisés occidentaux ». Une idée chère à Ben Laden, qui a appelé à liquider les chrétiens d’Orient, notamment d’Egypte (Coptes) et d’Irak. En réalité, ces attentats anti-chrétiens en pleine recrudescence prouvent que l’argument d’al-Qaida et de ceux qui voient dans le terrorisme islamiste une simple « réaction » à l’impérialisme » ou au « sionisme », comme on l’a souvent affirmé depuis le 11 septembre 2001, est archifaux. Car les chrétiens d’Irak, de Turquie ou d’Egypte qui étaient dans la région bien avant la naissance de l’islam (VIIe siècle), n’ont rien à voir avec Israël ou avec les « croisés américains » présents dans la péninsule arabique. Les événements de Noël nous rappellent simplement que la religion chrétienne est celle qui subit le plus de persécutions dans le monde, et pas seulement en pays islamique.
Ainsi, d’après un rapport de la Commission sur la liberté religieuse de l’Alliance évangélique allemande, 55.000 chrétiens sont tués chaque année juste parce qu’ils sont chrétiens. Selon l’index mondial des persécutions publié par l’ONG Portes ouvertes, les chrétiens sont également persécutés dans les derniers Etats communistes ou ex-communistes comme le Vietnam, le Turkmenistan, l’Ouzbékistan, Cuba, la Corée du Nord et la Chine (où 3.000 chrétiens ont été tués depuis l’année 2000 selon l’Association internationale pour les droits de l’homme). Parmi les plus grands persécuteurs de chrétiens, figurent l’Indonésie, l’Iran, le Pakistan, la Somalie, les Maldives, le Bouthan, la Birmanie, et même l’Inde, où ils sont les cibles d’extrémistes hindous, ce qui tempère l’image d’Epinal de l’Inde et de l’hindouisme « tolérants ». La morale de cette fin d’année est que l’Europe, en n’assumant plus ses racines judéo-chrétiennes et ne réagissant pas, est objectivement complice de cette nouvelle christianophobie planétaire, ce qu’a dit à demi-mot Benoît XVI, premier pape moderne qui ose parler de « réciprocité » en matière de liberté de culte. C’est d’ailleurs une simple question de bon sens et de justice, sachant que des pays comme l’Arabie saoudite financent des centres islamiques en Europe alors qu’ils interdisent tout culte chrétien et non musulman chez eux…